France 2025 : 800 millionnaires quittent le pays, un signal d’alerte économique

En 2025, près de 145 000 millionnaires migreront à travers le monde, redessinant la carte de la richesse mondiale. La France figure parmi les grands perdants, avec 800 foyers fortunés qui quitteront le pays. Cet exode interroge notre fiscalité, notre attractivité et notre rapport à la réussite. Un article approfondi et accessible pour comprendre les enjeux d’un phénomène encore largement tabou en France.

Oliver Sev

9/23/20254 min read

Chaque matin, en parcourant l’actualité internationale, je suis frappé par un constat : jamais la mobilité des millionnaires n’a été aussi forte. En 2025, près de 145 000 millionnaires changeront de pays, un chiffre vertigineux qui en dit long sur les mutations économiques mondiales.
Ce phénomène est global, documenté, et lourd de conséquences. Pourtant, en France, le débat public reste étonnamment silencieux. Comme si ce mouvement massif ne concernait que « quelques privilégiés », sans effet réel sur notre avenir collectif.

Et si ce silence cachait une fragilité plus profonde ?
Dans cet article, je partage une analyse personnelle, nourrie de données récentes, pour comprendre l’ampleur de ce phénomène, ses causes, et surtout ses implications pour la France.

Un exode mondial qui redessine la carte de la richesse

À l’échelle planétaire, la migration des millionnaires n’est pas un épiphénomène, mais une tendance lourde et accélérée. Selon Henley & Partners, 145 000 millionnaires devraient déménager en 2025, soit une augmentation de 29 % par rapport à 2019.
Sur dix ans, la progression est encore plus spectaculaire : +224 % depuis 2013.

Derrière ces chiffres, c’est une redistribution silencieuse des richesses qui s’opère.

  • Les Émirats arabes unis attireront près de 9 800 nouveaux millionnaires (+63 milliards $).

  • Les États-Unis resteront une terre d’opportunités, avec +7 500 millionnaires (+44 milliards $).

  • En revanche, le Royaume-Uni, la Chine, l’Inde et la France figurent parmi les grands perdants.

Cette mobilité reflète une compétition mondiale où fiscalité, stabilité politique et qualité de vie deviennent des armes stratégiques.

La France parmi les perdants : un signal inquiétant

En découvrant les classements, j’ai été stupéfait : la France occupe la 7e place mondiale des pays qui perdent le plus de millionnaires en 2025.

  • 800 foyers fortunés quitteront le pays.

  • Cela représente 4,4 milliards de dollars de patrimoine liquide.

Pourtant, dans le débat public, ce sujet reste marginalisé, souvent caricaturé. On l’associe à l’évasion fiscale illégale ou à l’image d’un « riche capricieux ». Mais réduire ce phénomène à un cliché, c’est passer à côté d’une réalité implacable : la France devient peu à peu un repoussoir fiscal et économique pour une partie de ses élites financières.

Le grand silence : un tabou français

Dans les médias, à l’Assemblée, ou même dans les discussions du quotidien, j’observe une sidération mêlée de déni.

  • Soit on minimise l’impact (« cela ne change rien »).

  • Soit on le condamne moralement (« qu’ils partent, on s’en passera »).

Mais la réalité est plus complexe. Chaque départ emporte avec lui des investissements, des réseaux, du mécénat, des emplois qualifiés.
La France ne peut pas se permettre d’ignorer ces pertes alors que la compétition fiscale mondiale s’intensifie.

Où vont les millionnaires qui quittent la France ?

Les flux migratoires suivent une logique claire : fiscalité attractive et stabilité économique.

  • Le Royaume-Uni vit une véritable hémorragie (-16 500 millionnaires), liée à la fin du statut « non-domicilié ».

  • La Chine perd 7 800 millionnaires, bien que son économie continue à produire des fortunes.

  • En Europe, de nouveaux pôles apparaissent : Italie, Portugal, Grèce, Suisse.

Ces pays ont compris que la fiscalité pouvait devenir une arme d’attractivité. En Italie par exemple, un forfait fiscal à 100 000 € par an sur les revenus étrangers attire des milliers de cadres et d’investisseurs depuis 2017.

Fiscalité compétitive + qualité de vie : la formule gagnante

L’exemple italien est frappant. Pour 100 000 € d’impôt forfaitaire annuel, un investisseur bénéficie :

  • d’une stabilité fiscale garantie 15 ans,

  • d’un climat agréable,

  • d’un patrimoine culturel unique.

Résultat : Milan, Rome et Florence accueillent une vague de nouveaux résidents fortunés, dopant le secteur de la gestion de fortune.

Pourquoi la France n’adopte-t-elle pas une approche similaire ?
Certains expliquent ce blocage par notre méfiance culturelle vis-à-vis de la réussite financière rapide, ou par une obsession nationale pour la taxation des hauts revenus.

La richesse française : une illusion immobilière ?

Un autre chiffre m’a marqué : la France compte 2,9 millions de millionnaires (au sens large), mais seulement 490 800 millionnaires « liquides ».
Autrement dit, plus de 80 % de nos millionnaires le sont grâce à la valeur de leur immobilier, difficilement délocalisable.

Cette spécificité révèle deux fragilités :

  1. Une richesse peu mobile et donc moins internationale.

  2. Une dépendance forte au marché immobilier domestique.

En comparaison, la Suisse ou l’Allemagne comptent 30 à 35 % de millionnaires avec des capitaux liquides, facilement déplaçables.

Quels impacts pour l’économie française ?

La perte de 800 foyers fortunés peut sembler anecdotique, mais elle entraîne :

  • Moins de recettes fiscales directes.

  • Moins de fonds privés pour les start-ups et l’innovation.

  • Moins de mécénat et philanthropie.

D’autres pays, au contraire, multiplient les dispositifs incitatifs pour capter ces flux financiers. La France, elle, semble camper dans une logique punitive, sans vision stratégique d’attractivité.

Faut-il repenser notre rapport à la réussite ?

À mes yeux, le cœur du problème est là.
Nous vivons dans une société où la réussite financière est souvent perçue avec suspicion. Mais ignorer ou condamner la fuite des capitaux ne changera rien : les flux continueront à s’intensifier.

La vraie question est : voulons-nous rester compétitifs dans la mondialisation des talents et des capitaux ?
Si oui, il faudra ouvrir un débat adulte, loin des caricatures, pour réfléchir à des solutions équilibrées.

Conclusion : ouvrir les yeux avant qu’il ne soit trop tard

En 2025, le grand exode des millionnaires sera un marqueur des tensions fiscales et économiques mondiales. La France, aujourd’hui, subit plus qu’elle n’agit.
Pourtant, nous avons des atouts considérables : un patrimoine culturel unique, une éducation de qualité, une économie diversifiée.

Reste à savoir si nous saurons créer un environnement fiscal et sociétal qui valorise la réussite sans la stigmatiser.
Plutôt que de nier ce mouvement, il est temps de regarder la réalité en face, d’oser poser la question :
👉 Comment retenir et attirer les talents et les capitaux dans une économie mondialisée ?

Parce qu’au fond, il ne s’agit pas seulement de millionnaires, mais de l’avenir économique et culturel de la France dans le monde qui vient.